Affaire Plumey: le livre!

Le Matin, Premières Lignes 23.04.1995

Le financier avait été condamné en 1993 à 7 ans de prison après avoir perdu les 200 millions de ses investisseurs

Philippe Dubath

L’affaire Plumey a laissé dans les mémoires (et dans les porte-monnaie) de beaucoup de gens des traces indélébiles. Un livre de 300 pages vient de sortir de presse, qui relate, sous la forme d’un reportage romancé «mais véridique-, les détails, les tournants, les structures de ce qui fut qualifié comme une des plus grandes escroqueries jamais réalisées en Suisse. Elle donna d’ailleurs lieu à un tintamarre médiatique assez extraordinaire.

Plumey n’a rien lu

Ce livre est-il un nouveau plaidoyer en faveur d’André Plumey? Réponse de l’auteur, qui n’est autre que son avocat de l’époque, Peter Zihlmann: «Pas du tout. La trajectoire d’André Plumey, qui fut d’abord simple vendeur de vêtements, mais aboutit à la tête d’un empire financier, m’a passionné. Mon but, c’est simplement que les gens lisent ce livre, en discutent, et s’intéressent à la manière dont se fabrique un verdict dans la criminalité économique. S’ils parvenaient, après lecture, à ne plus voir un condamné toujours tout noir, et la justice de notre pays toujours toute blanche, je serais satisfait.»

«Ma vision de l’affaire telle que je la relate présente un avantage: elle n’est pas théorique et subjective, elle se base sur des faits, et je l’ai vécue de l’intérieur.» Plumey a-t-il participé à l’élaboration du livre, ou même eu un droit de regard sur ces écrits? «Non. Il m’a délié du secret, m’a donné beaucoup d’informations, bien sûr, mais n’a pas encore vu, ni lu, le texte. Et celui-ci ne reflète pas sa position.»

Mais, pour Peter Zihlmann, qui est Plumey? «Vraiment pas un gros calibre du monde de la finance et des affaires, comparé à d’autres, bien établis dans notre pays. Et pour réaliser ce qu’on a appelé son escroquerie, il a eu besoin, comme tout escroc à mon sens, du concours de ses victimes…»

«L’affaire Plumey», de Peter Zihlmann, Editions Slatkine

Libre, mais malade

Rappelons les faits brièvement. La tactique de Plumey consistait à promettre à ses investisseurs des rendements allant de 15 à 310. Certains n’hésitèrent pas à lui signer des chèques, à la confiance, de 3 millions de francs! Le problème, c’est que Plumey payait les premiers investisseurs grâce aux investissements des suivants, et ainsi de suite. Jusqu’au jour où la machine s’est emballée. En fuite, Plumey fut arrêté à Rio et extradé.

André Plumey, qui avait passé, rappelons-le, 18 mois en détention préventive, n’a pas commencé à purger sa peine. Il faut dire que, depuis le 22 décembre 1993, date du jugement, jusqu’à aujourd’hui, il n’a toujours pas reçu l’exposé des motifs du tribunal, qui devraient être examinés en appel, puisqu’il a fait recours. Cela dit, André Plumey est actuellement hospitalisé et ne sera pas présent vendredi, comme cela aurait dû être le cas, au… Salon du livre à Genève.